L’abbaye du Thoronet exprime l’essence même de l’art cistercien fait de dénuement extrême, de pureté des lignes, de simplicité de volumes essentiellement dictés par l’organisation de la vie communautaire. À ce titre, elle a inspiré des générations d’architectes, comme en témoigne Fernand Pouillon dans son roman Les Pierres sauvages. Avec Les leçons du Thoronet, un grand architecte contemporain (Eduardo Souto de Moura, Patrick Berger...) est invité chaque année à mener une réflexion sur les bâtiments et à réaliser une intervention réversible.
La fondation
Avec ses « sœurs », Silvacane et Sénanque, l’abbaye du Thoronet est l’une des trois abbayes cisterciennes de Provence. En 1136, un groupe de moines quitte l’abbaye de Mazan en Ardèche pour fonder un monastère, qu’ils bâtiront 15 ans plus tard près de Lorgues, en un lieu boisé entre le coude d’une petite rivière et une source. L’édification débute en 1160 et se prolonge jusque 1230. Au début du XIIIe siècle, le monastère abrite une vingtaine de moines et quelques dizaines de frères convers.
Déclin et restauration
Moins de deux siècles plus tard, le déclin de l’abbaye est déjà entamé. En 1660, le prieur signale la nécessité de la restaurer. En 1699, on déplore fissures et effondrement des toitures, portes rompues et fenêtres délabrées. En 1790, sept moines âgés y résident encore. La disparition de l’abbaye menace lorsque Prosper Mérimée* la sauve en la signalant à Révoil, architecte des monuments historiques. La restauration débute en 1841 pour ne plus cesser. L’État achète progressivement le site à partir de 1854.